Une histoire de l'art
Au départ, d’un trait maladroit, comme un geste arrogant, arbitraire, on le qualifie d’art sot. L’art on dit est une courbe, un écart dans l’expression humaine. L’art aux heures passées est un art osé. Ou comme dit Ronsard « allons voir si l’art ose ». Or, il fallait aller de l’avant pour se lancer dans l’art hier. Car de quelque forme qu’il soit, l’art est nié, sur la toile ou sur le mur, et de toute part, s’élèvent des remparts contre cet artifice qui imite la vie en s’arrogeant ses délices. L’art est mal a dit on ne sait plus qui, l’art souille sans doute. Trop jeune, trop immature. Avant de devenir cet art mûr que l’on arbore avec fierté, il est exposé aux arcs et aux flèches du rejet, cette artillerie obscure de l’ennui qui le transperce de partout et le mène à l’article de la mort. Aussi, à l’art haché fallut-il mettre un terme. Signer l’armistice. Pour cela, l’art dut, incompris, chercher dans le sublime féminin de la grâce pour ne plus être cet art haine que l’on méprise. Quitte à devenir cet art qu’ange ou démon se doivent d’illuminer pour exister. Quitte à choisir de quel souffle s’envelopper. Or, d’entre tous, ce sont les muses qui l’inspirent. L’art aime de multiples femmes, et l’une d’elles, Armelle, dénoue les nœuds et l’art naît. De sa harpe elle entonne un air pour que l’art tôt ou tard s’exprime dans l’arpège de ses mots. Dès lors, l’art est fait mère de toute création, même les plus divines. Il interroge les sens, les émotions, l’intellect, tout un arsenal de sensations grâce auxquelles il suscite l’envie. Et l’art dans « désir », n’est qu’un euphémisme.
Pourtant, l’art tique et très vite perd le nord. L’art est sur image, comme prisonnier. Une archive. Trop entouré, désarticulé, on l’empêche de voler de ses propres ailes. Il s’engraisse et n’est plus qu’un art « caddie » que l’on remplit et que l’on pousse vers une caisse.
Jusqu’à cette ultime tragédie, dont il prend Racine en mettant à mort préfixes et suffixes, pour ne garder que ses trois plus belles lettres.