Né en 1980 à Bordeaux (France).
Vit et travaille à New York (États-Unis).
Œuvre
Assembly Instructions (The Pledge- Michel Gondry), 2012 | La Sucrière
Instructions d’assemblage (La présentation : Michel Gondry)
Description
37 tirages impression jet d’encre encadrés, lignes murales de points au crayon, dimensions variables
Présentation
Cette œuvre appartient à la vaste série des Assembly Instructions initiée en 2008 et comprenant des performances, des conférences, des installations, l’écriture de pièces de théâtre et des enregistrements radiophoniques ; une série inspirée d’un roman de science-fiction écrit par Christopher Priest et publié pour la première fois en 1995.
Dans ce livre, intitulé The Prestige (Le Prestige), l’auteur raconte l’histoire d’une rivalité qui oppose deux prestidigitateurs et met en récit les trois étapes d’un tour de magie. Tout d’abord, il y a « la présentation », c’est-à-dire le moment où le magicien commence son tour en présentant au public un objet tout à fait ordinaire, puis vient « le tour », étape au cours de laquelle il fait disparaître ou modifie l’objet et enfin « le prestige » qui achève le tour par la réapparition dudit objet et marque un certain retour à la normalité.
Pour cette série, Alexandre Singh a en premier lieu réalisé sept entretiens avec diverses personnalités – scientifiques, penseurs et artistes – qu’il a ensuite retravaillés sous la forme de fictions s’apparentant à des dialogues entre l’artiste, ladite personnalité et dans lesquels peuvent parfois intervenir d’autres personnages. L’artiste a ensuite transposé ces textes en une série de collages et de dessins dont l’accrochage au mur répond à un protocole très strict.
L’œuvre présentée à la biennale repose sur l’interview du réalisateur et scénariste français Michel Gondry. Elle relate l’histoire d’une rencontre entre Alexandre Singh, Picasso et Michel Gondry lors d’un voyage en train. L’artiste a pris place dans un wagon et le passager installé en face de lui n’est autre que Picasso. Michel Gondry, quant à lui, joue le rôle d’un contrôleur qui propose à Singh de lui faire un tour de magie visant à faire disparaître son billet de train à l’aide de sa poinçonneuse…
Trente-sept tirages laser sont disposés au mur et reliés entre eux par des lignes de points tracées à la main de sorte à former une cartographie cognitive. Ces divers collages et dessins constituent les fragments d’une histoire qu’il nous revient de reconstituer. Le spectateur est ici invité à tisser des liens entre les différentes images qui lui sont proposées afin de créer sa propre narration. Aussi, comme le précise l’artiste : « Les images elles-mêmes m’intéressent moins que les relations qu’elles entretiennent au gré de lignes, de cercles ou de structures digressives. »
Au travers de cette œuvre qui s’inscrit notamment dans la veine du surréalisme, du dadaïsme et du travail de Picasso, Alexandre Singh interroge les mécanismes de la pensée. Il s’intéresse à la manière dont notre cerveau traite l’information et à sa capacité à transformer des éléments d’informations disparates en un récit cohérent.
« C’est comme quand on se souvient d’un rêve : on finit par en faire une histoire pour que ça fasse sens ».
– Michel Gondry
Pistes d’exploitation pédagogique
- Importance du collage : renvoie à Picasso (qui avec Braque est considéré comme le père du collage et dont le portrait revient sur plusieurs des images convoquées dans cette œuvre), à Dada et au Surréalisme
- Travail qui s’inscrit dans une veine surréaliste dans son intérêt pour le fonctionnement de la pensée, son recours à des techniques visant à reproduire les mécanismes du rêve, sa recherche d’associations visuelles.
- Œuvre qui fonctionne par logique associative
- Univers onirique et fantasmagorique
- L’art de la cartographie : cette installation qui se déploie au mur articule une forme de carte heuristique (la mémoire visuelle de la structuration narrative du récit), une carte cognitive (manifestation plastique de son projet « d’archéologie de la psyché »)
- L’art de l’assemblage s’éloigne ici du registre sculptural, et combiné aux pratiques du dessin et du collage, acquiert le rôle de dispositif de production narrative
- Un ars memoriae et une phantasia réunis en un seul projet
- Mise en réseau et articulation de l’ensemble des éléments par un effort d’harmonisation esthétique (traitement plastique identique et récurrent)
- Un récit spatialisé et poétique, d’une grande charge émotionnelle
Glossaire
Histoire des Arts
Picasso et le collage / Dadaïsme / Surréalisme